Dans les films catastrophe, on observe la météorite qui va frapper la Terre pendant un laps de temps allant d’1 h 30 à 3 h au pire des cas. Puis le décompte se fait, le président fictif des USA ferme les yeux très fort et à la dernière seconde, l’astéroïde explose ou s’arrête à 50 mètres de notre planète. Dans le cas de Nemir c’est l’inverse. Nous avons eu touuuuuut le loisir d’observer l’album arriver pendant 5 longues années, pour qu’au final, il atteigne bien la Terre ferme et se propage partout dans nos contrées. Et c’est un merveilleux happy end.
Parce que Nemir a pris des risques et que ceux-ci se sont révélés plus que fructueux
Petit retour en arrière pour les quelques personnes qui n’auraient pas suivi : Nemir, rappeur perpignanais de son état, première apparition discologique : 2010 avec les mixtapes Next Level #1 et #2. Premiers faits d’armes remarqué : le clip de Carences et Parenthèses, présent sur la tape susnommée et une victoire au tremplin national Buzz Booster 2010.
Et puis, il enclenche la deuxième et se fait connaître à plus grande échelle, les morceaux “Ailleurs” et “Wake Up”, en feat. avec respectivement Deen Burbigo et Alpha Wann finissent de le mettre sur orbite et de le propulser au rang maudit du “mec qui va tout péter cette année.”
Et puis, plus rien. Enfin si, Nemir se meut en joker de luxe et vient filer des coups de main lors d’apparitions ici et là, aidant notamment son compère Gros Mo sur chacun de ses projets (pour ceux qui voudrait creuser, on en avait parlé ici).
C’est comme ça qu’en 7 ans, l’album solo du perpignanais acquit son statut d’album parmi les plus attendus du rap français, voire carrément d’arlésienne, à ranger avec Detox et celui d’André 3000 (non c’est pas exagéré)
Quand soudain, en 2018, la lumière reparut timidement avec un EP 6 titres, pour picorer en attendant l’atterrissage, ce fameux 6 septembre 2019.
Au menu de cet album nous attend donc, une voix éraillée comme jamais, du chant (beaucoup), du rap, des feat., un En’zoo au top de sa forme, des histoires de meufs, des ad lib. de Gros Mo, du spleen et du soleil du sud, celui qui fait chaud en dedans.
Dernier extrait clippé avant la sortie, publié en août et d’une efficacité redoutable, quand Alpha surfe encore sur l’impact d’UMLA qui fête sa première année, même si le choix du contexte de ce troisième single ne semble pas anodin, on y sent quand même la sincérité d’un Nemir qui agit comme il l’entend.
Intime, c’est sans doute le premier qualificatif qui vient pour ce disque, bien que ce soit un poncif largement éculé. Car Nemir se livre et applique ses propres paroles datant de Carences et parenthèses : “j’suis là, les nerfs à vifs, me met à nu, me déshabille”. Que ce soit sur son quartier (avec Saint-Jacques), sur sa mère dans “Loin devant” ou sur la pression qu’il a subit ces 7 dernières années dans “Favela”, l’album nous offre un large éventail de ce qu’est et compose le mc perpignanais.
À voir le panel d’émotions et d’ambiances présents dans l’album, on comprend mieux le casse-tête immense qu’a dû être la réalisation pour rendre le tout cohérent et juste.
Il faut dire que si la formule Nemir marche c’est en grande partie dû au cercle proche avec lequel il bosse constamment, à savoir En’zoo à la prod. et Gros Mo aux backs et autres ad lib. Le trio avance groupé, presque sous une seule identité à laquelle manquerait seulement un nom commun. Ce fonctionnement en noyau dur leur permet ainsi d’aller dans toutes les directions tout en restant cohérent, au point de pouvoir se permettre de lâcher 4 singles (Des heures, Ça sert, Saint-Jacques et Sur ma vie) dans autant de styles différents.
Ne reste plus ensuite qu’à apprécier la palette de Nemir, autant chanteur que rappeur et surtout doué pour les deux.
Pour Nemir en revanche, la réputation n’est plus à faire puisqu’il est de notoriété publique que le MC perpignanais et sa clique ont pour habitude de retourner toutes les salles qu’ils croisent, la bonne nouvelle étant qu’une nouvelle tournée est très probablement suivre l’album, on sait pas pour vous mais nous on y sera !
Greg fait également des métaphores alambiquées sur Twitter : @BigCountryRicer